Comité Anti-Amiante Jussieu: tract (13/03/96)

L'AMIANTE A JUSSIEU : IL EST TEMPS QUE CHACUN ASSUME SES RESPONSABILITES.

Comité Anti-Amiante Jussieu, SGEN-CFDT P6 P7 CNRS, CGT : FERC SUP P6 - SNTRS P6 P7 - USCA P6 P7, SNESup-FSU P6, SNCS P6 P7.
13 mars 96

VINGT ANS DÉJÀ !

Cela fait 20 ans que le problème de l'amiante se pose à Jussieu. Vingt années durant lesquelles pratiquement rien n'a été fait pour le résoudre et où, en toute connaissance de cause, des personnes ont été mises en danger. Un danger qui ne fait que s'accroître à mesure que les flocages se dégradent.
On aurait pu penser que cette fois les responsables à tous les niveaux avaient pris la mesure du problème et compris ce que responsabilité voulait dire. Force est de constater qu'il n'en n'est rien et l'on continue à tergiverser plutôt que de prendre les décisions qui s'imposent.
Jusqu'à présent, nous avons cherché à négocier des solutions en attendant le retrait de l'amiante : nous avons participé à l'élaboration de mesures de sécurité élémentaires provisoires, et attendu la remise d'un rapport d'expertise sur le problème de l'amiante à Jussieu.
Cela fait plus de trois mois que ce rapport a été remis : il préconisait le retrait total de l'amiante de Jussieu, dans les délais les plus brefs, compte-tenu de l'état de dégradation avancée des flocages et des travaux d'urgence en attendant ce retrait.

UNE VOLONTÉ MANIFESTE DE FAIRE TRAINER :

Depuis, nous avons certes reçu des assurances verbales du Ministère de l'Education concernant la volonté politique de désamianter Jussieu. Le 16 février dernier, le recteur demandait, dans une lettre adressée aux présidents des deux universités et au directeur de l'IPGP, un inventaire de l'occupation des locaux, << pour mettre en oeuvre la décision de désamiantage général du campus Jussieu >>.
Mais, ces assurances ne se traduisent pas concrètement : à ce jour, aucun engagement financier n'a été pris pour l'opération de retrait de l'amiante, aucun calendrier des travaux n'est encore prévu, aucune étude sérieuse n'a été menée pour résoudre de façon réaliste et rapide, le problème des locaux provisoires, nécessaires au désamiantage du campus.
Des sommes dérisoires ont été débloquées : 2 millions de francs ont été dégagés pour désamianter les locaux du Groupe de Physique des Solides, inondés en juin dernier et dont le financement avait été de toute façon décidé par les universités ; 2 millions de francs sont prévus pour les travaux provisoires d'urgence, ce qui correspond à moins d'un tiers de la somme nécessaire. Etant donné que 880 millions de francs sont estimés nécessaires au désamiantage du campus, au rythme où le ministère débourse les crédits, il faudrait 75 ans pour désamianter Jussieu.

UN PRÉTEXTE OFFERT AU MINISTÈRE :

Ministère, rectorat et universités se renvoient la balle : les universités attendent les décisions du ministère pour lancer l'appel d'offre ; pour prendre ces décisions, ministère et rectorat attendent des propositions concrètes des universités concernant les locaux provisoires.
Le président de Paris 7, en proposant la construction d'une nouvelle université (ce projet n'a été discuté ni par les personnels, ni par les UFR et les laboratoires, ni par les conseils de l'université, qui n'ont pas été informés de son contenu), a offert au Ministère une occasion de retarder les décisions concernant le retrait de l'amiante, occasion qu'il s'est empressé de saisir. Réfléchir à des projets grandioses serait-il plus motivant pour les responsables que résoudre des problèmes concrets de sécurité ?
Construire une nouvelle université demande du temps ; le désamiantage de Jussieu n'a que trop tardé. Nous ne pouvons tolérer plus longtemps que les autorités jouent avec la vie des personnels et des usagers du campus. Il nous faut rétablir l'ordre des priorités et obtenir que le retrait de l'amiante se fasse sans délai supplémentaire.

LA SITUATION ACTUELLE EST INTENABLE

La situation actuelle ne peut plus se prolonger : Les consignes de sécurité minimales, qui ont enfin pu être mises en place grâce à notre action, ne sont pas complètement appliquées en pratique et nombre de gens sont encore conduits à prendre et à faire prendre des risques inacceptables pour assurer le fonctionnement des universités.
En effet, la stricte application des mesures de sécurité engendre des difficultés de fonctionnement pour l'enseignement et la recherche qui ne peuvent être acceptées que sur une courte période. Cela suppose que le calendrier des travaux de désamiantage soit connu et s'étale sur une courte durée.
Malgré l'urgence de la situation, les pouvoirs publics jouent la montre devant le coût des travaux. Quant aux universités, elles temporisent : les consignes de sécurité sont systématiquement diffusées avec six mois de retard, la mise en place du service central chargé de gérer le problème de l'amiante sur le campus, décidée depuis plusieurs mois, n'est toujours pas effective etc.
Face à cette inertie généralisée il nous faut maintenant mettre chacun devant ses responsabilités.

DES ENGAGEMENTS PRÉCIS DOIVENT ÊTRE PRIS PAR LE MINISTÈRE :

- financement des travaux de retrait complet de l'amiante (ainsi que la mise en conformité électrique et incendie) selon un calendrier précis établi en concertation avec les personnels et ayant reçu leur approbation.

- affectation aux établissements du campus de crédits de paiement correspondant à une première tranche de travaux et la mise à disposition des locaux indispensables au démarrage des opérations.

- affectation aux établissements du campus de crédits de paiement pour la réalisation immédiate de tous les travaux d'urgence préconisés dans le rapport.

UN ULTIMATUM AUX RESPONSABLES

En l'absence d'engagement écrit du Ministère d'ici le 2 avril 1996, nous avons demandé aux présidents des deux universités et au directeur de l'IPGP, de ne pas engager plus longtemps leur responsabilité et de faire procéder à la fermeture de tous les locaux floqués à l'amiante du campus Jussieu, pour raison de sécurité, jusqu'à l'obtention des engagements écrits que nous attendons du Ministère.
La situation a déjà beaucoup changé grâce à l'action menée depuis un an et demi, tant à Jussieu, qu'au plan national, mais les responsables n'agissent malheureusement que contraints et forcés. C'est pourquoi, nous avons demandé aux présidents des universités et au directeur de l'IPGP, qui sont responsables de notre sécurité de mettre en demeure leurs autorités de tutelle. Faute de décisions du ministère, ils seraient dans l'obligation de fermer les locaux amiantés. C'est le seul moyen de débloquer la situation.
Notre volonté n'est bien évidemment pas de faire fermer définitivement l'université, mais de mettre les responsables en face de leurs responsabilités. Qu'ils cessent enfin de tergiverser au mépris de notre santé !

Pour discuter des actions à entreprendre d'ici le 2 avril, nous vous appelons à une

Assemblée Générale

le lundi 18 mars à 12 heures 30
amphithéâtre 44.