Comité Anti-Amiante Jussieu: Communiqué de presse (02/12/98)



Comité Anti-Amiante Jussieu

Communiqué de Presse
2 décembre 1998

AMIANTE A JUSSIEU:
Appel à Lionel Jospin!

Deux semaines avant de devenir Premier Ministre, Lionel Jospin avait, dans une lettre adressée au Comité Anti-Amiante Jussieu, pris des engagements forts et sans ambiguïté concernant le désamiantage de Jussieu. Il affirmait que ce « problème de santé publique » devait être résolu « de la façon la plus ordonnée possible et la plus rapide » et apportait son soutien au contrat de désamiantage signé par l'Etat en décembre 1996. Cependant, depuis un an et demi, pas une fibre d'amiante n'a été enlevée de Jussieu !

Cela est d'autant plus paradoxal qu'au plan national, Martine Aubry et Bernard Kouchner viennent d'annoncer, à la suite des recommandations du rapport Got, des mesures très importantes renforçant la prévention et améliorant la réparation du risque amiante en général. Placé sous la responsabilité directe du gouvernement, le dossier emblématique du désamiantage de Jussieu aurait dû faire l'objet d'une gestion exemplaire. Faute de quoi, avait indiqué Claude Got dans son rapport, « il serait illusoire d'espérer un traitement satisfaisant du problème posé par l'amiante dans les bâtiments » .

Mais le ministre en charge du dossier, Claude Allègre, personnellement opposé au désamiantage de Jussieu, n'a que faire des questions de santé publique. Il ne se sent nullement contraint par les engagements de l'Etat, ni par ceux de Lionel Jospin, alors en campagne législative. Bien que n'osant plus s'opposer « officiellement » au désamiantage, il continue à le bloquer dans les faits en s'opposant à la construction des locaux provisoires indispensables à la conduite du chantier.

Constatant l'impasse actuelle, le Comité Anti-Amiante Jussieu a, dans une lettre en date du 23 novembre, demandé au Premier Ministre, Lionel Jospin, de prendre en main directement le dossier du désamiantage de Jussieu et de faire en sorte que ses engagements soient respectés.

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Lionel Jospin, dans une lettre en date du 22 mai 1997, avait fait connaître au Comité Anti-Amiante Jussieu qui lui demandait quelles étaient ses intentions dans le traitement du dossier Jussieu, son soutien à la « solution de sagesse », officialisée dans le contrat de désamiantage signé le 4 décembre 1996 entre l'Etat et les trois établissements du campus. Il ajoutait que « l'Etat doit peser de tout son poids pour le respect d'un calendrier raisonnable ».

Mais aujourd'hui, faute de moyens, en particulier en matière de locaux provisoires nécessaires pour reloger les activités de recherche et d'enseignement, le chantier de désamiantage et de remise en sécurité du campus Jussieu n'avance pas. Depuis la prise de fonction de Claude Allègre pas une seule opération de construction de locaux provisoires n'a été entreprise. Dans le contrat de désamiantage, signé par l'Etat en décembre 1996, qui prévoyait de faire les travaux en 3 ans, 25 000 m2 de locaux provisoires devaient être construits. Seuls les 6000 m2 lancés en décembre 1996 par François Bayrou ont été réalisés. Les autres ont été abandonnés.

Ainsi privé des moyens indispensables, l'Etablissement public en charge des travaux en est réduit à faire durer : tous les six mois, les travaux prévus sont révisés à la baisse et le calendrier allongé. En octobre 1997, il prévoyait encore d'avoir terminé 8 « barres », c'est à dire 20% des surfaces à traiter, avant l'été 2000. En avril dernier, il ne prévoyait déjà plus que de faire une « barre » d'ici l'été 1999 et trois autres d'ici l'été 2000. Autrement dit 10% des surfaces à traiter. Mais ce programme minimal n'est même plus d'actualité et l'Etablissement public n'ose plus s'engager sur un nouveau calendrier, même pour ces 10%.

Ce ne sont pas des problèmes techniques, mais le manque de volonté politique qui entrave le désamiantage de Jussieu. Non seulement les moyens nécessaires à la poursuite des opérations n'ont pas été mis en oeuvre, mais des obstacles supplémentaires à l'avancée du chantier ont été créés de toutes pièces. Dernier exemple en date, la décision aberrante, prise avec l'accord des autorités de tutelle, de reloger 2000 étudiants de psychologie de Paris 7 (hébergés depuis 25 ans à Censier) dans des locaux qui venaient d'être libérés pour être désamiantés !

Ces entraves au chantier, créées par les autorités de tutelle, arrivent précisément au moment où la construction d'un pôle universitaire sur la ZAC Tolbiac est de nouveau invoquée comme une solution au désamiantage de Jussieu. Une nouvelle fois le problème de santé publique posé par l'amiante se retrouve pris en otage dans un jeu d'intérêts immobiliers. Créer un pôle universitaire sur la ZAC Tolbiac est légitime, mais le présenter comme une solution au désamiantage de Jussieu est au mieux une tromperie. Compte tenu de la diversité des acteurs en présence (Ville de Paris, Région Ile-de-France, Ministère de l'Education, Universités, SNCF, etc), de la durée des négociations que cela suppose, de l'état actuel de la ZAC et de l'ampleur du projet lui-même, il faudra attendre au moins 4 ou 5 ans avant que des constructions universitaires voient le jour sur la ZAC Paris Rive Gauche - une époque où selon le calendrier de l'établissement public le désamiantage sera terminé !

Il faut que cessent les manoeuvres dilatoires et les annonces mirifiques. Ce dont Jussieu a besoin pour régler le problème du désamiantage, c'est de disposer rapidement des locaux provisoires nécessaires au maintien des activités d'enseignement et de recherche. Des solutions simples et rapides existent. Seule manque la volonté politique de les mettre en oeuvre. Deux ans exactement après la signature du contrat de désamiantage, il est grand temps que l'Etat « pèse de tout son poids » et fasse effectivement du désamiantage de Jussieu une opération exemplaire.

Dans sa lettre du 22 mai 1997, Lionel Jospin, avait lui-même souligné que pour le chantier se réalise selon un « calendrier raisonnable », il était nécessaire que « l'établissement public dispose [....] du soutien le plus entier du gouvernement à son plus haut niveau ». C'est précisément ce que le Comité Anti-Amiante attend et c'est pourquoi, nous avons demandé au premier ministre, dans une lettre en date du 23 novembre, de prendre en charge directement le dossier du désamiantage de Jussieu.

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